Je suis sûr que certains d'entre vous le connaissent, en tous cas je le trouve très intéressant.. Réflexion sur l'amour, le deuil, l'égo aussi...
La légende s'ouvre sur les tourments d'Orphée, qui a perdu sa femme, Eurydice, mordue par un serpent venimeux.
Inconsolable, Orphée décide de partir en expédition dans l'au-delà pour la ramener sur Terre.
Ainsi, Orphée s'aventure au Royaume des Morts, avec le fol espoir que les Dieux vont le laisser faire... Il descend, descend dans les entrailles de la terre, et rencontre enfin les gardiens du Royaume des morts.
Ces derniers lui font une proposition: Ils lui rendront sa bien-aimée Eurydice, à la seule condition qu'il ne se retourne pas une seule fois pour la regarder sur le chemin du retour, tandis que sa femme rendue le suivra.
Orphée accepte, plutôt deux fois qu'une, il est absolument ravi de cette proposition...
Il se met donc en route pour repartir, en prenant garde de ne pas se retourner, et se met à chanter de joie et à jouer de la lyre tout le long du chemin. Ca le démange, mais il ne se retourne pas, et espère de tout son coeur qu'Eurydice est bien là, juste derrière lui.
Enfin arrivé à l'orée de la grotte, Orphée exulte: il vient de franchir le seuil du monde des vivants, enfin de retour sur la terre, il baigne dans la lumière. Et, sans plus attendre, il va pouvoir se retourner pour voir si les gardiens du Royaume des morts ont bien tenu leur promesse, et savourer les retrouvailles avec sa bien-aimée.
N'en pouvant plus donc, Orphée se retourne...
Et voit Eurydice, splendide, à 2 pas de lui... Mais juste derrière le seuil - elle n'a pas encore franchi la ligne de démarcation entre le royaume des ténébres et celui de la lumière.
Leurs 2 visages se décomposent, et Eurydice, avec une mélancolie infinie, mais sans reproche, lui murmure un adieu, puis le Royaume des morts l'engloutit immédiatement après - pour toujours.
Orphée sombra dans la mélancolie la plus puissante qui soit, et se promit de renoncer, dorénavant, à tous les plaisirs terrestres pour honorer le deuil - le double deuil - de sa bien-aimée.
Ainsi, il refuserait tout nouvel amour, toute nouvelle aventure, et se consacrerait au seul tourment du souvenir. Or, révélant ses chagrins, la voix d'Orphée n'en devint que plus belle, et son apparence physique rayonnait d'une noirceur toute sensuelle; et les femmes de sa région, possédées par des désirs tout Dyonisiaques, voulaient être désirées.
Orphée les ignorait, honorant ainsi son deuil avec une grande rigueur.
Ce qui eût pour effet de déclencher une ire toute meurtrière menée par les femmes. Elles le caillassèrent à mort, le déchiquetèrent en 1000 morceaux, éparpillèrent ses boyaux aux 4 vents et jetèrent sa tête, attachée à sa lyre, dans la rivière la plus proche.
Et la tête, en flottant le long de la rivière, continuait de chanter la perte d'Eurydice, les berges lui faisant écho.