Elle m’apparaît belle comme la nuit et tendre comme le sommeil.
Elle promène souvent sa mélancolie dans les rues tristes et froides de la nuit.
Elle semble si sereine et si triste que le silence s’installe dès son passage.
C’est une enfant d’angoisse et de fragilité.
C’est une gosse déjà vieillie et si désespérée que désespérante.
Je me suis parfois surpris à la désirer avec fièvre, avec passion.
Mon cœur, mon cœur parfois s’arrêterait de battre juste pour lui plaire, juste pour la séduire.
Je crois que je l’aime, oui, vraiment, je l’aime comme la folie.
Je l’aime d’un amour platonique, d’un amour lointain, d’un amour inaccessible.
Sensuelle et étrange, son destin semble figé.
Quelquefois son ombre, chaude et douce, me caresse.
Sans parler, sans bouger, je n’ose lui avouer ma passion et je reste là, dans l’attente.
Son
corps ressemble au chant des sirènes, son cri aux hurlements des loups
de la pleine lune, et ma fièvre au chant funèbre du cygne.
J’avoue que, parfois, je rêve de la violer sur le bord d’un chemin, en haut d’une falaise ou dans l’eau calme d’un lac.
Je rêve de la prendre avec violence et passion pour une ultime étreinte.
Pucelle de chacun, putain de tous, à chaque conquête elle se fait chienne et déesse, vierge et maquerelle, découverte et fin.
Je me surprends parfois à vouloir l’acheter.
Avec mépris, je voudrais lui lancer quelques pièces , là, à ses pieds.
Juste quelques sous pour la simple caresse de son souffle.
Quelques louis pour un baiser de sa bouche parée aux couleurs de l’enfer.
Mille écus pour sentir ses doigts longs et fins parcourir mon corps.
Cruelle et sanguinaire, il paraît qu’elle habite près du cimetière.
Elle serait le fruit des amours condamnables entre une veuve noire et un goret de passage.
De l’araignée, elle a l’instinct tueur et de la truie , les mœurs obscènes.
Elle semble fleur aussi, au parfum envoûtant.
Elle semble fleur, mais fleur carnivore.
Hyène et vautour, délivrance et prison, son étreinte est fatale.
C’est une dame d’entresol, vêtue de noir et portant faux, elle se nomme la mort.